Le gouvernement libéral confirme qu’il ratera sa cible de 100 000 véhicules électriques en 2020
Québec – Le député de Terrebonne et porte-parole du Parti Québécois en matière d’environnement et de lutte contre les changements climatiques, Mathieu Traversy, ainsi que la députée de Vachon et porte-parole en matière d’électrification des transports, Martine Ouellet, accueillent avec déception l’aveu du gouvernement libéral, selon lequel il n’atteindra pas sa cible de 100 000 véhicules électriques en 2020.
Comme le démontre un document, déposé lors de l’annonce du projet de loi sur une norme zéro émission, le ministre de l’Environnement confirme qu’en 2020, quelque 83 252 véhicules électriques rouleront au Québec à la suite de l’adoption de la norme zéro émission. « C’est 17 % en dessous de l’objectif annoncé par le Plan d’action en électrification des transports 2015-2020. Le gouvernement libéral confirme donc qu’il ne prend pas les moyens nécessaires pour atteindre ses objectifs », ont déclaré les porte-parole.
Le député de Terrebonne constate également que la loi zéro émission ne se mettra véritablement en place qu’en 2018. « Avec cet échéancier si éloigné, on comprend pourquoi le gouvernement ratera sa cible de 100 000 véhicules électriques en 2020 », a-t-il indiqué.
Mathieu Traversy insiste : en l’absence d’un virage immédiat dans le secteur des transports, le premier émetteur de gaz à effet de serre, le Québec ne sera pas en mesure d’atteindre sa cible de réduire de 20 % ses émissions d’ici 2020 par rapport aux niveaux de 1990. « Sans une loi zéro émission forte, c’est certain que le gouvernement se dirige vers un autre échec », a-t-il affirmé.
Malgré tout, le Parti Québécois réitère son appui au principe d’une loi zéro émission, lui qui a été le premier parti politique québécois à déposer, en avril 2015, un tel projet de loi afin d’améliorer l’offre de véhicules électriques sur le marché québécois, dans une perspective de réduction des émissions de GES. Aujourd’hui, par contre, les porte-parole s’inquiètent du fait que le projet de loi no 104, en plus de comporter plusieurs lacunes majeures, ne contient aucun engagement précis.
En effet, selon Martine Ouellet, il manque au projet de loi no 104 une donnée essentielle, soit le nombre minimal de véhicules branchables. « C’est une lacune majeure! Le ministre de l’Environnement ne prend aucun engagement quant au nombre minimal de véhicules branchables. Le ministre se réserve plutôt le pouvoir discrétionnaire de réglementer cet aspect fondamental, sans consultations publiques. Pourquoi refuse-t-il d’inscrire un engagement à son projet de loi? », a-t-elle demandé.
Par ailleurs, la députée de Vachon se dit inquiète de l’absence d’un autre engagement de taille, soit le niveau des redevances qui devront être payées par les constructeurs automobiles si le nombre minimal de véhicules branchables n’est pas atteint. « Le sérieux de la loi zéro émission dépendra en bonne partie de sa capacité à établir des redevances à la hauteur de l’objectif. Encore là, le ministre ne prend pas d’engagement et se réserve le droit de fixer la hauteur et les modalités des montants par règlement. Il faut qu’il fasse connaître ses intentions dès maintenant », a ajouté la porte-parole.
Au-delà du Flushgate de Montréal
Décidément, le fameux Flushgate de Montréal a fait couler beaucoup d’eau… mais au-delà de la crise d’image que Denis Coderre a dû gérer et de la joute partisane de Stephen Harper, nous devons passer à l’action dès maintenant pour éviter que le Québec rejoue dans le même film.
L’épisode des eaux usées de Montréal aura au moins permis de conscientiser les Québécois sur ce problème qui traîne depuis plusieurs années dans l’ensemble du Québec. L’une des raisons, c’est qu’investir dans une route a un impact beaucoup plus visible pour les citoyens que lorsque l’on investit dans un égout caché sous terre. Pas facile pour un politicien de couper un ruban dans un égout !
Un déversement de 8 milliards de litres d’eaux usées est spectaculaire et très polluant.
Cependant, à chaque année, la même quantité est déversée par la ville de Montréal lors de multiples déversements. Ces déversements ont lieu principalement lors des grandes pluies, donc ils sont plus dilués et moins polluants. Ils surviennent puisque les installations ne sont pas en mesure de traiter tout le volume lors de fortes pluies, ce qui oblige les municipalités à rejeter les surplus directement dans les cours d’eau, sans aucun traitement.
Pour cesser cette pollution à Montréal comme partout au Québec, l’heure est au réinvestissement dans des ouvrages de rétention, ce qui permettrait d’emmagasiner l’eau lors des grandes pluies pour ensuite la faire traiter par les usines existantes.
Sommes-nous en 2015 ?
Abordons la question dans son ensemble pour le Québec. L’enjeu des eaux usées ne date pas d’hier, il faut remonter à 1978 pour retracer l’origine du Programme d’assainissement des eaux du Québec (PAEQ) géré par la Société québécoise d’assainissement des eaux (SQAE) qui a permis la mise en place d’infrastructures d’assainissement dans presque tout le Québec.
Le SQAE avait pour mission de fournir aux municipalités des services de gestion et de financement appropriés afin qu’elles puissent se donner des équipements d’assainissement des eaux usées de qualité, au meilleur coût possible, et ce, dans l’intérêt de leur population. Ces actions gouvernementales avaient permis de développer une expertise publique exceptionnelle en gestion des eaux usées. Expertise publique que nous avons perdue avec l’abolition de la SQAE au cours des dernières années.
Aujourd’hui, grâce à ces initiatives du gouvernement Lévesque, la presque totalité des municipalités possède un système d’assainissement des eaux usées. Malheureusement, il existe encore quelques petites municipalités qui n’ont pas d’usine de traitement des eaux usées et dont les égouts vont directement dans les cours d’eau.
Ces petits villages n’ont pas les moyens de financer une usine d’assainissement.
Exceptionnellement, le gouvernement du Québec devrait fournir l’argent nécessaire afin qu’elles puissent avoir un traitement des eaux usées et ainsi éviter les déversements dans la nature.
Dans le meilleur des mondes, toutes nos usines comporteraient un traitement d’assainissement avancé. Cependant, le traitement des eaux n’est pas égal partout. Une majorité de municipalités se contente d’un traitement primaire avant de rejeter le tout dans nos lacs et nos cours d’eau. Ce traitement permet d’enlever les déchets solides de plus de deux centimètres, de décanter les matières en suspension dans l’eau et une certaine déphosphoration. Les bactéries et les médicaments sont donc directement rejetés dans l’eau.
Vers un programme panquébécois de désinfection
La prochaine étape pour le Québec est d’ajouter la désinfection. Grâce à elle, les virus, les bactéries et divers produits, comme les produits pharmaceutiques, ne seront plus rejetés dans la nature.
Depuis 2007, la ville de Montréal s’est engagée à faire de la désinfection. Le projet est retardé année après année. En date d’aujourd’hui, la désinfection est prévue pour 2018.
Il commence à être urgent que Montréal désinfecte son eau. Il faudrait également que l’ensemble des municipalités du Québec suive le pas.
Pour se faire, un vaste programme d’infrastructures de désinfection pour les municipalités d’un milliard $ sur 10 ans devrait être mis en place. En plus de mieux protéger notre environnement, cette initiative permettrait de créer environ 10 000 emplois dans toutes les régions du Québec pour la construction des infrastructures.
Nous pourrions profiter de la mise en place de ce programme afin de recréer l’expertise publique perdue avec la disparition de la SQAE. Une nouvelle Société québécoise des eaux (SQE) serait chargée de gérer le programme ainsi que de fournir une expertise aux municipalités pour l’ensemble des volets associés à la gestion de l’eau au Québec.
La préparation des appels d’offres, la gestion des contrats et le suivi seraient assurés par la SQE, ce qui permettrait à l’ensemble des municipalités d’avoir un service de qualité.
La construction serait assurée par l’entreprise privée permettant la création d’emplois dans tout le Québec.
Avec la nouvelle Société québécoise des eaux, le Québec serait à l’avant-garde pour améliorer la santé publique, recréer l’expertise de l’État québécois et, voyons encore plus loin, exporter cette expertise publique partout dans le monde !
Également publié dans les versions papier et électronique de L’Aut’Journal.
Le coût d’être une province verte dans un pays pétrolier
Le 30 novembre prochain, à Paris, aura lieu la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP21). C’est là que les pays indépendants vont se réunir pour conclure un nouvel accord afin de contenir le réchauffement climatique en deçà de 2°C par rapport à l’ère préindustrielle (vers 1850), dans le but d’éviter les catastrophes économiques, environnementales et humaines annoncées.
Malgré l’importance cruciale pour notre avenir collectif, le Québec ne sera pas à la table des négociations, parce que nous sommes juste une province. Oui, le Québec est juste une province. Plusieurs tentent de l’ignorer, mais c’est ça la réalité. Une province avec des outils de province, pas des outils de pays. Une province sans voix dans les forums internationaux où se décide l’avenir de la planète. C’est plutôt le Canada qui va aller négocier pour nous. Oui, le récipiendaire de nombreux prix fossiles va aller nous représenter à Paris, nous qui avons une électricité verte à 99 %.
Les prix fossiles en environnement, c’est comme les Razzies au cinéma, les prix citrons en d’autres mots. Le Canada fait partie des pires pays dans cette compétition mondiale de la médiocrité. Il a été digne d’une palme noire lorsqu’en décembre 2012, il a été le premier pays à renier sa signature du protocole de Kyoto. Déjà que, sous le Parti libéral du Canada, en décembre 2002, il avait fallu attendre que 98 pays signent Kyoto avant que le Canada daigne y apposer sa signature.
Ne soyons pas naïfs, les positions environnementales des pays sont fortement influencées par les enjeux économiques. Nous avons la chance au Québec d’avoir l’hydroélectricité, une énergie verte et renouvelable, que nous avons su développer pour le bénéfice du plus grand nombre. Pour sa part, l’Alberta carbure au pétrole et aux pétrolières privées. C’est principalement ce qui explique le triste bilan conservateur en environnement.
À quoi peut-on s’attendre du PLC maintenant qu’il est au pouvoir ? Incapable d’établir une cible sur les changements climatiques pour Paris alors qu’il a eu 9 ans pour se préparer dans l’opposition. Sa promesse de consulter les provinces avant de se prononcer n’est rien d’autre qu’un vieux truc à la sauce libérale pour gagner du temps. Pour trouver la réponse, il faut plutôt regarder du côté de l’entourage de Justin Trudeau. Choisir comme coprésident de sa campagne le lobbyiste d’Énergie Est Daniel Gagnier laisse peu de place à l’interprétation.
Le PLC est pour l’augmentation du pétrole des sables bitumineux, pour l’oléoduc Énergie Est et pour les trains pétroliers de Chaleur Terminals. Malgré les liens scandaleux entre Daniel Gagnier, le PLC et TransCanada, la compagnie a eu le culot d’envoyer un autre lobbyiste aux côtés de la famille Trudeau, le soir des élections. Il s’agit de Phil Fontaine, représentant principal pour Énergie Est depuis au moins 3 ans auprès de 150 communautés autochtones.
Rien ne peut plus nous surprendre venant de TransCanada depuis que nous savons que l’entreprise avait l’intention de payer de faux bénévoles afin de simuler un support populaire à Énergie Est.
Selon une étude scientifique publiée dans la prestigieuse revue Nature, si le Canada veut aider l’humanité à éviter la catastrophe climatique annoncée, il doit laisser dans le sol plus de 85 % de ses ressources pétrolières connues. Même constat chez le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Marc Carney, qui considère que la grande majorité des combustibles fossiles ne doivent pas être brûlés si nous voulons respecter la cible des 2°C.
Malgré un discours attrayant et de belles paroles, si le PLC maintient l’expansion des sables bitumineux, Énergie Est et Chaleur Terminals, ce sera une fois de plus que du marketing libéral, encore de l’écoblanchiment. Il faut dire que la partie s’annonce tout de même facile pour le PLC puisque les conservateurs ont mis la barre tellement basse en environnement, qu’il va lui suffire de viser juste un peu plus haut pour paraître écolo.
Le Québec, prêt pour être un leader mondial
En 2013, j’ai participé à titre de ministre des Ressources naturelles au 22eCongrès mondial de l’énergie à Daegu en Corée du Sud. Au moment même où notre délégation faisait la promotion de l’électrification des transports, la délégation canadienne faisait la promotion des sables bitumineux. Pire, la délégation canadienne travaillait afin de court-circuiter les rencontres du Québec avec des entreprises innovantes ! C’est ça le coût d’être une province verte dans un pays pétrolier.
Avec notre hydroélectricité, notre grappe industrielle en transports électriques et le génie des Québécois, nous avons tout pour devenir un leader mondial en technologies vertes. Pendant que le Canada reniait Kyoto, le Québec réussissait à diminuer ses gaz à effet de serre, toutefois pas suffisamment pour respecter Kyoto.
Le Québec indépendant, avec les outils d’un pays et non ceux d’une province ayant à lutter contre son propre pays, aurait été mieux outillé pour respecter Kyoto.
Comme nous le rappelle la haute responsable du dossier climatique aux Nations unies, Christiana Figueres, le Québec doit saisir l’opportunité et profiter du virage vert :
« À partir du moment où ce changement est inévitable, est-ce que vous voulez y prendre part le plus rapidement possible, de façon à bénéficier de tous les avantages dont bénéficieront ceux qui agiront rapidement ? Ou alors, voulez-vous rester prisonnier de la vieille économie, tandis que la plupart des autres progressent ? Cette question est valable pour tous. Vous devez décider où vous voulez vous situer dans cette course, parce que cette course vers une économie à faible empreinte carbone a déjà débuté. »
Qu’attendons-nous ?
Le Québec indépendant sera très bien positionné pour devenir un joueur majeur dans la lutte aux changements climatiques et nous pourrons récolter les retombées économiques issues des nouvelles technologies vertes.
Imaginez le Québec, un pays d’avant-garde en Amérique du nord, qui travaille activement pour concrétiser un accord post-Kyoto.
Imaginez les ambassades québécoises travaillant avec celles de la Suède et de l’Irlande pour diminuer le réchauffement de la planète.
Imaginez l’impact économique des nouvelles technologies québécoises, stimulées par le soutient d’un État entier pour la création de nouveaux emplois.
Imaginez le pays du Québec, un leader mondial dans la nouvelle économie verte.
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